Les Etats ACP vont-ils continuer a importer ce qu`ils peuvent produire
Citation
CTA. 1986. Les Etats ACP vont-ils continuer a importer ce qu`ils peuvent produire. Spore 5. CTA, Wageningen, The Netherlands.
Permanent link to cite or share this item: https://hdl.handle.net/10568/58611
Abstract/Description
Dans vingt ans la population des pays ACP aura doublé. Comment dans ces conditions ces pays pourront-ils nourrir tous leurs habitants ? Pourront-ils le faire s'il leur faut importer une part substantielle de leur alimentation alors que la plupart...
Notes
Dans vingt ans la population des pays ACP aura doublé. Comment dans ces conditions ces pays pourront-ils nourrir tous leurs habitants ? Pourront-ils le faire s'il leur faut importer une part substantielle de leur alimentation alors que la plupart d'entre eux doivent payer une autre facture bien lourde aussi celle de l'énergie. Voilà le vrai défi de la fin du siècle.
Or, dans la plupart des cas ces pays sont capables de se nourrir eux-mêmes. Mais pour cela ils doivent mettre en valeur toutes leurs potentialités. Et en avoir la volonté.
Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de concevoir une approche systématique des problèmes alimentaires et nutritionnels ; c'est ce qu'on entend par la mise en place de stratégies alimentaires.
Le but principal des stratégies alimentaires est de créer les conditions nécessaires pour que les paysans produisent davantage et mieux. Le point de départ, c'est l'adoption par les gouvernements de politiques économiques rigoureuses. Il s'agit d'identifier et de prendre en compte tous les aspects du problème alimentaire, du producteur au consommateur et de les intégrer dans une politique de développement cohérente. Ce n'est pas une tâche facile tant est grande l'imbrication entre tous les facteurs de développement. Il faut d'abord faire un diagnostic, ensuite fixer des objectifs, enfin définir des politiques et des programmes et réaliser des projets qui s'intègrent dans cette stratégie globale.
Il faut donner au paysan des raisons de produire et la certitude qu'il puisse vendre sa production.
Mais inciter à produire davantage ne suffit pas. Des mesures complémentaires doivent être prises,
qu'il s'agisse de l'augmentation de la capacité de stockage ou la mise en place de systèmes d'achat adéquats, de la mise à disposition du producteur en temps opportun des intrants agricoles nécessaires, de l'intégration progressive des producteurs dans un système de crédit rural approprié, de l'utilisation accrue de moyens mécanisés etc.
La politique des prix est au centre du dilemme qui se pose entre la fixation de prix stimulants pour les producteurs et de prix supportables par le consommateur.
La politique de commercialisation est souvent l'obstacle majeur à l'augmentation de la production et de la distribution des vivres. Les agences étatiques se sont généralement avérées incapables d'assurer seules la commercialisation des produits vivriers de façon satisfaisante, sans parler du fardeau que constituent pour les états les subsides de fonctionnement nécessaires pour couvrir leurs pertes. Le commerce des produits vivriers doit être libéralisé mais le secteur public ne doit pas chasser le secteur privé de l'arène commerciale. Les organisations paraétatiques doivent avoir pour tâche d'encadrer le marché, c'est-à-dire de veiller au respect des prix planchers aux producteurs et des prix plafonds aux consommateurs. Les agences publiques sont par contre les mieux placées pour constituer des stocks céréaliers de réserve, ce qui constitue sans doute le meilleur moyen de stabiliser les prix et de renforcer la sécurité alimentaire.
Il faut mettre en place une politique de consommation visant à recréer, en milieu urbain principalement, une demande pour les produits transformés locaux, ceci en vue de la création d'un débouché stable pour les produits nationaux.
Accroître la production c'est aussi utiliser de façon plus rationnelle les ressources disponibles tout en protégeant le milieu naturel. D'où l'importance de la stimulation de la recherche nationale et de la mise en place de réseaux. D'où l'importance du transfert de technologies telles que l'utilisation des engrais, des semences améliorées et de la traction animale. Ces techniques doivent être adaptées et expérimentées dans des conditions réelles d'exploi= tation basées sur les systèmes traditionnels et répondant aux besoins des paysans. D'où l'importance enfin de l'amélioration des échanges d'information.
Il faut rendre les structures d'encadrement et de vulgarisation plus efficaces. Des actions en profondeur sur les structures agricoles doivent être engagées : réforme foncière et aménagement
hydroagricole notamment. Un plus large accès aux crédits agricoles, aussi bien les crédits de campagne que ceux d'investissement, doit être ouvert aux producteurs ruraux. Le coût excessif du crédit au petit fermier et le problème du remboursement sont les obstacles principaux à la mise en place de systèmes efficaces. Cependant ceux-ci peuvent être levés si le crédit est orienté vers de petites associations villageoises et des coopératives d'exploitants mutuellement responsables.
Une plus grande importance doit être accordée à l'intégration de l'aide en vivres dans le cadre des stratégies alimentaires nationales, qu'il s'agisse du soutien aux politiques de stabilisation des marchés, à la formation de réserves stratégiques ou au financement de programmes de production.
Les actions nutritionnelles, particulièrement celles en faveur des groupes vulnérables, doivent redevenir une préoccupation.
La dimension régionale de tout effort de développement et de production alimentaire doit être prise en considération. Les relations commerciales entre états doivent être développées à partir des échanges importants et séculaires, mais clandestins, entre la plupart des pays voisins d'Afrique.
La disponibilité de données statistiques fiables conditionne aussi bien la définition de politiques que le suivi de leur mise en oeuvre. Il convient donc de renforcer l'appui à la collecte et au traitement des données.
Enfin une fois définies les politiques par les pays en développement eux-mêmes, il faut renforcer la coordination entre les différents bailleurs de fonds et développer la concertation avec les autorités de chacun des pays bénéficiaires. Il faut respecter les spécificités de chacun des pays car il est possible de faire des progrès de façon différente.
En 1981 la Communauté Européenne et ses Etats membres ont décidé de supporter la mise en place de stratégies alimentaires dans quatre pays ACP : le Rwanda, le Mali, la Zambie et le Kenya, chacun représentatif pour un groupe d'États africains. Il a paru intéressant au CTA, quatre ans après la mise en place de ces politiques, de faire le point des acquis de ces expériences afin d'en faire bénéficier les autres Etats ACP intéressés par le concept. Ceci devrait leur permettre d'éviter de reproduire les erreurs commises et de profiter des réussites. Un séminaire sera organisé sur ce sujet à Bruxelles du 3 au 7 novembre 1986 en collaboration avec l'Académie Royale des Sciences d'Outre Mer de Belgique.
Ce séminaire se veut avant tout pragmatique. Il a pour objectif de voir comment concrétiser en termes techniques les options définies et comment traduire celles-ci en plans d'action.
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