La lutte biologique, une priorité
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Date Issued
2008Language
frType
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Show full item recordCitation
CTA. 2008. La lutte biologique, une priorité. Programme de radio rurale 08/2. CTA, Wageningen, The Netherlands.
Permanent link to cite or share this item: https://hdl.handle.net/10568/59500
Abstract/Description
La lutte biologique consiste à utiliser un ennemi naturel pour contrôler la population des ravageurs dans les champs.
Notes
La lutte biologique, une priorité
Introduction suggérée
La lutte intégrée comprend donc toute une panoplie de différentes méthodes de lutte contre les ravageurs mais une des plus importantes est ce qu’on appelle la lutte biologique. Abou Togola, ingénieur agronome à l’ADRAO, la station de recherche sur le riz située à Abomey Calavi, au Bénin, explique au micro de Félix Houinsou en quoi consiste cette méthode prioritaire de lutte intégrée.
Début de la bande : « C’est l’utilisation d’un organisme pour combattre un autre … »
Fin de la bande : « …que c’est l’utilisation d’un insecte contre un autre insecte. »
Durée de la bande : 7’17
Annonce de fin : Cette émission vous était proposée par le CTA.
Transcription
Togola C’est l’utilisation d’un organisme pour combattre un autre organisme vivant. En d’autres termes c’est tout simplement l’utilisation d’un ennemi naturel pour pouvoir contrôler la population des ennemis au champ. Vous savez que dans la chaîne alimentaire, eh bien tous les êtres vivants qui existent ont quelque part leur ennemi naturel et les chercheurs se sont inspirés de cette expérience pour établir la notion de lutte biologique.
Houinsou Alors quand c’est comme ça, qui peut faire la lutte biologique ? Est-ce seulement les chercheurs ou encore les paysans ?
Togola La réponse c’est que tout le monde peut faire la lutte biologique, que ça soit le paysan, que ça soit l’agent d’encadrement agricole ou que ça soit le chercheur, chacun à son niveau peut effectivement faire la lutte biologique mais cela dépend de ses moyens, de sa compétence et de sa volonté. C’est pourquoi les gens disent que c’est beaucoup plus un art qu’une science. Tout le monde peut le faire, elle est simple à concevoir, n’engendre pas de pollution au sein de l’environnement et ça n’a aucun risque. Ça donne des produits sains car c’est des ennemis naturels qui contrôlent les ravageurs, il n’y a pas d’utilisation de produits chimiques.
Houinsou Alors est-ce que les agriculteurs, bon je vais dire carrément les petits exploitants agricoles que nous avons en Afrique, peuvent s’approprier les techniques de cette lutte pour pouvoir les appliquer dans leurs propres champs ?
Togola Effectivement cela dépend comme je l’ai dit des moyens de tout un chacun. La lutte biologique même se trouve au champ : si je prends un exemple, il y a des araignées qui sont au champ, il y a beaucoup de guêpes qu’on peut rencontrer au champ à longueur de journées et ni les araignées ni les guêpes ne sont au champ pour ravager la culture mais pour chercher leurs proies et ces proies c’est quoi ? Ce sont des insectes ravageurs. Il n’est pas rare de voir les libellules qui se faufilent dans les champs. Donc le paysan peut s’approprier ces techniques car elles sont déjà au champ. Mais il y a des techniques beaucoup plus sophistiquées, il faut le dire, que les paysans ne peuvent pas maîtriser sans l’aide des institutions de recherche ; alors dans ce cas précis, il faut l’aide ou une subvention de l’état ou l’encadrement des institutions de recherche pour pouvoir mettre ces technologies à la disposition des paysans ; mais dans la majeure partie des cas quand même, comme je viens de dire, les prédateurs sont déjà au champ et il faut essayer de les mettre en valeur, expliquer au paysan qu'il doit les mettre en valeur et c’est tout.
Houinsou Est-ce qu’il y a des caractéristiques qui puissent permettre aux agriculteurs de reconnaître facilement l’ennemi naturel d’un ravageur au niveau de leurs champs ?
Togola Ok, ça c’est une très belle question ! Vous savez le paysan lui-même connaît le ravageur qui s’attaque à sa culture. Donc connaissant bien les ravageurs des cultures qui sont toujours associés à un dégât, si le paysan arrive à voir d’autres types d’insectes au champ qui sont loin des dégâts, eh bien ça ne peut être que des insectes utiles. Les araignées, eh bien vous pouvez les voir en train de tisser, les acariens en train de mettre des fils de soie pour attraper des ravageurs. Et aussi il y a des populations de guêpes, des populations de fournis qui sillonnent partout le champ et on ne les verra jamais en train de s’attaquer aux cultures. Ça c’est des remarques importantes dont il faut quand même tenir compte dans l’élimination des ennemis naturels.
Houinsou Alors une fois que le paysan arrive facilement à reconnaître l’ennemi naturel d’un ravageur, est-ce qu’il a des choses qu’il doit faire pour bien protéger cet ennemi naturel ?
Togola Oui, je crois qu’il y a deux choses que le paysan peut faire pour mieux prendre soin des ennemis naturels. La première des choses d’abord c’est d’éviter d’utiliser n’importe comment les produits chimiques. Les produits chimiques, une fois épandus, n’ont pas de frontière et ils agissent de manière totale. Et la deuxième chose c’est la protection de l’habitat car les ennemis naturels ont aussi leur habitat et leur habitat c’est quoi ? C’est la flore sauvage qui entoure le champ. Il a des ennemis naturels qui sont logés par des plantes hôtes spécifiques et rien que la présence de la plante hôte au champ …
Houinsou La plante hôte, vous parlez de l’herbe ?
Togola Non c’est les mauvaises herbes, ça peut être bien sûr des herbacées, ça peut être des plantes, même des arbres qui attirent des populations d’ennemis naturels. C’est pourquoi on dit aux paysans de ne pas brûler ou décimer la flore sauvage qui entoure leurs parcelles. En les décimant, on contribue à déloger les ennemis naturels qui vont abandonner l’environnement. Sinon il y a beaucoup d’ennemis naturels. Je prends l’exemple de la sésidomie du riz : il y a un ennemi, des guêpes appelées parasitoïdes qui s’attaquent à la cécidomyie du riz.
Houinsou C’est quoi la cécidomyie du riz ?
Togola La cécidomyie du riz c’est une mouche, un moucheron qui transforme la tige centrale du riz en galle et cet ennemi naturel n’a pas besoin d’être traité par un produit chimique. Il suffit des conseils d’aménagement de l’habitat pour pouvoir sauver les cultures. En quoi faisant ? Il y a deux parasitoïdes qui logent sur le paspalum. Le paspalum c’est une mauvaise herbe qu’on rencontre fréquemment dans les rizières et ce paspalum, se développant, abrite ces ennemis naturels-là et la population d’ennemis naturels quitte le paspalum pour rentrer dans le champ de riz et s’attaquer à la cécidomyie et la contrôler.
Houinsou Comment le paysan peut-il en général favoriser les ennemis naturels des nuisibles ?
Togola La première chose c’est l’aménagement de l’habitat comme je viens de dire. Il y a d’autres méthodes beaucoup plus simples, c’est le fait d’attirer, d’épandre de l’appât pour attirer les ennemis naturels. Si je prends les fourmis, il est plus facile d’attirer les fourmis, ne serait-ce qu’en épandant du gari ou la farine de céréales, on l’épand au champ, un tout petit peu seulement, ça peut attirer les fourmis et les fourmis, une fois dans le champ, peuvent s’attaquer non seulement aux termites qui sont des ravageurs potentiels mais également à des œufs de lépidoptères, de foreurs de tiges …
Houinsou C’est quoi un lépidoptère ?
Togola Les lépidoptères, bon c’est des foreurs de tiges, des chenilles et ces chenilles soit attaquent le feuillage ou bien rentrent à l’intérieur des tiges et consomment la moelle interne du riz ou d’autres cultures. Mais ce que je veux ajouter aussi, je dois préciser que la lutte biologique ne se limite pas à l’utilisation d’un insecte contre un insecte. Il y a d’autre types, d’autres groupes d’organismes vivants qui peuvent être utilisés aussi comme agents de lutte biologique par excellence. Il y a par exemple les micro-organismes, que ça soit les virus, que ça soit les bactéries, que ça soit les champignons, Ce sont d'excellents agents de lutte biologique. Donc ne comprenons pas seulement que c’est l’utilisation d’un insecte contre un autre insecte. Fin de la bande
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